ALVEG, créée en 2024, est née d'une initiative développée depuis 2015 au sein de l'association Massajobs. Elle réunit trois membres fondateurs : JF Chanson (bénévole/animateur), B Chanson (ingénieur pédagogique) et F Eygun (ancien directeur de Massajobs), dont deux sont les concepteurs des sessions LVEG.
Cette création fait suite à une réflexion de Massajobs en 2022-2023, aboutissant à la nécessité d'une structure dédiée. ALVEG bénéficie de l'expérience accumulée depuis 2015, avec des sessions réalisées à Marseille, Nantes, Sarrians, Paris et Grenoble.
L'association collabore avec un réseau d'organisations partenaires et se consacre à l'animation des sessions LVEG. L la relation entre Massajobs et l'association est formalisée par une convention avec Massajobs.
À quels enjeux sociaux et/ou environnementaux et à quels besoins sociaux mal satisfaits répondez-vous ?
Les personnes que nous accompagnons souffrent principalement d’exclusion sociale et de manque de confiance en soi. Ces deux enjeux combinés les conduisent à une forme de paralysie qui les empêche d’agir sur ce qui est important pour elles.
Tout d’abord l’exclusion sociale : qu’elles habitent dans les quartiers Nord de Marseille, qu’elles aient connu la rue, le chômage, un échec professionnel, une addiction ou encore un passage en milieu carcéral, les participants à la Vie en Grand souffrent d’une forme d’enfermement au monde. Depuis la crise sanitaire de 2020, cet isolement n’a fait que s'accroître, aggravé par un contexte socio-économique et environnemental anxiogène. A l’exclusion et la discrimination dont sont victimes ces personnes, La Vie en Grand apporte une expérience de groupe bienveillante et positive, où les participants découvrent qu’elles peuvent s’ouvrir à l’autre en confiance et croire de nouveau en un avenir possible.
Ensuite, souvent entravées par une fausse image d'elles-mêmes, les personnes que nous accompagnons sont comme paralysées et peinent à se reconnaître capables. Elles n’ont pas conscience de leurs capacités, se ferment aux possibilités et sont persuadées qu’elles n’y pourront rien changer. Les sessions La Vie en Grand viennent lever ces freins en permettant aux participants de prendre conscience de leur grandeur, en relevant leur estime de soi et en suscitant du mouvement pour qu’elles deviennent toujours plus actrices de leur vie.
Quelles solutions avez-vous développé pour y répondre ?
L’Association La Vie En Grand (ALVEG) invite les personnes qu’elle accompagne à participer à LVEG : une session de deux jours pour reprendre confiance en soi par des ateliers de connaissance de soi.
Pendant ces deux jours, une dizaine de participants vont relire leur parcours de vie, les réussites comme les difficultés, prendre conscience de leurs qualités, aborder un chemin
de réconciliation avec eux-mêmes et les autres, et s’ouvrir à un avenir possible sur lequel ils ont la capacité d’agir.
Les 4 demi-journée sont ainsi structurées autour de 4 questions :
● Qu’est-ce qui fait ma grandeur ? On aborde la confiance en soi par la découverte de ses forces
● Quels sont les freins qui m’empêchent d’avancer ? C’est la connaissance de ses propres contraintes qui redonne confiance en sa capacité à agir dans le monde
● Comment apaiser mon rapport à moi-même et aux autres ? Par l’invitation à se libérer des relations blessées qui nous empêchent d’avancer en proposant un chemin de pardon, c’est la confiance dans les autres qui est restaurée
● Quelle est mon ambition de vie ? S’autoriser à rêver à un futur souhaitable et ainsi redonner confiance dans un avenir possible
Animée par deux facilitateurs, la session est très participative et alterne des temps en groupe, des temps de réflexion individuelle, des temps créatifs, des partages en sous-groupes et des moments conviviaux de jeux et repas.
LVEG contribue pour ces personnes à renouveler leur regard sur elles-mêmes, les autres et le monde pour se remettre en mouvement.
À quels types de bénéficiaires et de territoires vous adressez-vous ?
Historiquement, la Vie en Grand a été créée au bénéfice des personnes très éloignées de l’emploi accompagnées par l’notre association Massajobs, implantée dans deux quartiers prioritaires de Marseille : Malpassé (13013) et la Belle de Mai (13003). Ces deux quartiers ont été qualifiés en janvier 2020 par l’INSEE respectivement de « QPV à forte inactivité » et de « QPV un peu - pénalisé » avec des taux de chômage de 37% et de 29% de la population active.
Puis nous nous sommes aperçus que le changement de regard sur soi qu'apporte la Vie en Grand attirait d’autres publics. C’est ainsi qu’au fil des demandes, nous avons élargi nos bénéficiaires : mamans du quartier, professionnels en reconversion, jeunes en service civique… Nous avons alors créé des partenariats avec des associations qui accompagnent des personnes avec des fragilités diverses : des personnes ayant connu la rue (Lazare) et des CHRS, des personnes avec des troubles psychiques (Clubhouse), des personnes sortant de prison (Permis de Construire), etc.
Le point commun est que ces personnes souffrent d’une forme de précarité, qu’elle soit économique, sanitaire, sociale… Aucune distinction d’âge, origine, genre, situation professionnelle n’est faite. Le seul prérequis est de comprendre un minimum le français. En termes de territoires, la majorité des sessions se déroulent à Marseille. Nous avons commencé à animer LVEG quelquefois en région parisienne, lyonnaise et dans les Pays de la Loire suite aux demandes entrantes.